Quel avenir pour les diplômes du pressing ?
La situation est préoccupante, mais pourtant pas nouvelle. Chaque année, les effectifs se réduisent dans les filières d’enseignement du métier du pressing, tandis que les professionnels peinent à recruter des opérateurs formés.
Il existe trois diplômes spécifiques au pressing : le CAP « métier du pressing », diplôme de base pour débuter dans la profession. Le BP « maintenance des articles textiles, option pressing » et le bac pro « métiers du pressing et de la blanchisserie ». La préparation à ces diplômes peut se dérouler soit en formation initiale, soit en apprentissage. Des perspectives d'avenir et de formation qui peinent pourtant à se frayer un chemin jusqu'aux jeunes. Une visite au lycée Paul Poiret, dernier établissement parisien à dispenser la formation CAP pressing, illustre assez bien les problématiques rencontrées. Là-bas, la section pressing rassemble dix élèves en terminal et une douzaine en première année. Des effectifs réduits – comme ailleurs souvent – qui augurent ou du moins font craindre chaque année des fermetures de classes. Pourtant, les besoins sont là : les professionnels recrutent et disent eux-mêmes avoir du mal à trouver des employés qualifiés et autonomes.
Impliquer les professionnels et le secteur éducatif
Comme l'explique Fausto Benedetto, enseignant : « Il y a un vrai travail à faire en amont, auprès des CIO, par exemple, pour informer les jeunes sur le métier ; en aval aussi, pour concerner davantage les exploitants de pressing, les inciter à venir présenter la profession, à prendre les élèves pour des stages d'au moins quatre semaines. » Avec sa collègue, ils dispensent des cours avec pour seul objectif de permettre à ces jeunes d'obtenir leur diplôme, voire pour certains de poursuivre vers un bac pro. « Dans tous les cas, nous les formons dans la perspective d'intervenir dans des pressings de haute qualité. » Une volonté louable mais pas toujours facile à appliquer : les formations techniques symbolisent encore trop souvent une « voie de garage » pour élèves en échec scolaire, ou ayant des profils « difficiles ». Une vision évidemment bien réductrice.
À travers son site Défroissez votre avenir, le CTTN espère bien promouvoir une image positive du secteur. Le spécialiste diffuse des ressources pour accompagner les jeunes dans leur recherche. Éric Normand, responsable du département formation pour le CTTN, reconnaît qu'il existe un décalage entre les besoins émis par les exploitants en termes de main d'œuvre, l'intérêt qu'ils accordent aux écoles qui dispensent encore la formation ad hoc et l'information à destination des élèves potentiels. Pour attirer les jeunes, l'expert ne manque pas d'arguments notamment développés sur le site : « Exercer le métier, c'est à la fois être un technicien qui effectue le détachage, le nettoyage, le repassage, possède une bonne connaissance des textiles et des produits, assure la conduite et l'entretien et la surveillance des machines, détient le savoir-faire et respecte les normes et règlements applicables. C'est aussi être un expert conseil qui crée la confiance avec les clients et propose des solutions réalistes et adaptées. C'est s'improviser commercial, pour fidéliser sa clientèle et vendre des prestations ou des produits. C'est, enfin, devenir un acteur du lien social en participant à l'animation d'un quartier ou d'une ville et aux relations entre ses habitants. » Des idées qu'il serait bon de relayer, tandis qu'un coup de pouce des fabricants pour équiper à moindre coût les établissements serait aussi le bienvenu. Après tout, les étudiants d'aujourd'hui seront les exploitants de demain...