Entretien du linge de résidents. Les Ehpad, un environnement à haut risque
La surveillance officielle de la mortalité dans les Ehpad est effective depuis ce week-end. Alors qu’on observe une sur-mortalité liée au virus chez les plus de 65 ans, on ne peut en effet que supposer que le nombre de décès en Ehpad est probablement beaucoup plus lourd que le bilan officiel puisque les chiffres de la mortalité du Covid-19 ne prennent aujourd’hui en compte que les décès survenus à l’hôpital, bien que beaucoup de résidents d’Ehpad sont morts du coronavirus. « Cela ne représente qu’une faible part de la mortalité » en France, a reconnu mardi soir le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, indiquant que « les deux principaux lieux de décès sont l’hôpital et les Ehpad ».
De leur côté, directeurs, médecins et personnels d’Ehpad redoutent une hécatombe dans leurs structures. Car au-delà de l’application des gestes barrières et de l’interdiction des visites dans les Ehpad pour empêcher le virus d’y pénétrer, force est de constater que dans certains établissements, ces précautions ne rencontrent pas le succès escompté au vu des dizaines de décès constatés. « On ne sait pas aujourd’hui mesurer l’étendue des dégâts dans les maisons de retraite », a résumé mercredi le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux.
Une contamination véhiculée par le linge ?
Dans ces établissements, la proximité liée à l’exercice des fonctions du personnel induit un risque éminemment élevé d’infection. « Peut-être faudrait-il envisager que la contamination puisse se propager via les vêtements ? Pas seulement ceux du personnel, mais aussi lors du traitement du linge des résidents. Car alors, brassés et contaminés, il devient vecteur de propagation du virus si la thermo-désinfection adjointe à la chimie adéquate ne sont pas employés. On n’en sait encore trop peu sur le taux de survie du virus sur des textiles », ose un acteur du marché des produits lessiviels. Ainsi, sur ce type de site, dans le cas où la prestation d’entretien du linge résidents n’est pas externalisée, le service lingerie doit redoubler de vigilance et instaurer des protocoles stricts pour éviter la sur-contamination potentiellement induite par les vêtements. « Il est impératif d’employer une chimie adaptée et surtout virucide. Un produit désinfectant et/ou bactéricide n’est absolument pas suffisant, pour la simple bonne raison qu’un virus n’est pas une bactérie. Pour le rendre inopérant, il faut le désactiver », confirme un autre fabricant de produits lessiviels.
De son côté, Bulle de Linge, le spécialiste du traitement du linge de résidents, se montre rassurant : « Les process Bulle de Linge respectent scrupuleusement les normes d’hygiène et de lavage et garantissent ainsi de manière constante la qualité microbiologique des articles entretenus conformément aux dispositions de la norme NF 14065, pour laquelle Bulle de Linge est certifiée, témoigne Béatrice Roëland, directrice d’exploitation de l’unité de Saint-Vulbas. Notre process de lavage a été élaboré, validé et contrôlé par un laboratoire et garantit une action désinfectante, bactéricide et virucide par l’injection de produits lessiviels spécifiques. De plus, nous garantissons l’efficacité de notre process par un contrôle permanent et en temps réel des injections de produit avec une alarme en cas d’erreur qui nous permet de stopper immédiatement le process. »
Alors qu’on voir fleurir les initiatives altruistes dans nombre de pressings de France pour traiter gracieusement le linge des soignants, pompiers et forces de l’ordre, il semble important de rappeler que prudence est mère de sûreté. « La prestation d’entretien du linge requiert en effet un process spécifique et contrôlé afin de garantir la sécurité et la santé des résidents et des personnels. Ce process spécifique requiert du matériel, des produits lessiviels et un contrôle permanent des installations et des résultats », confirme Béatrice Roëland.